C’est un exercice toujours périlleux d’essayer d'imaginer ce à quoi Jésus aurait ressemblé s’il était venu à notre époque. En effet, le temps dans lequel nous vivons est énormément impacté par le fait que Jésus est justement déjà venu. Essayons premièrement de dresser un bilan de de la réception du message de Jésus à son époque à la lumière du nouveau testament.
UN MESSAGE QUI POLARISE
Une chose est sûre, le message de Jésus divisait et ne laissait personne indifférent.
“Il y eut encore division parmi les Juifs à cause de ces paroles. Beaucoup d’entre eux disaient : Il a un démon, il est fou ; pourquoi l’écoutez-vous ? D’autres disaient : Ces paroles ne sont pas celles d’un démoniaque. Un démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ?” Jean 10.19-21
Certains faisaient des trous dans les murs ou grimpaient aux arbres espérant l’apercevoir quand d’autres complotaient pour le faire mourir. C’est le genre de symptômes qui dans l’histoire font la marque de ceux qui ont bouleversé l’ordre établi.
QUI PLAIT/DÉPLAIT AUX MAUVAISES PERSONNES
Nous pouvons donc dire sans craindre de froisser qui que ce soit que si Jésus venait aujourd’hui son message pourrait tout autant diviser. Le message de Jésus ne faisait pas l’unanimité, il n’était pas du tout consensuel. En réalité, le message de Jésus à même profondément divisé !
Cependant si personne n’a de difficulté à s’imaginer un Jésus qui divise nous sommes spontanément portés à nous imaginer du côté de ses partisans, contre le parti de ceux qui voudrait sa mort. Et pourtant…
Une lecture rapide de n’importe quel évangile nous montre que ceux qui se sont opposés à lui étaient les personnalités les plus respectés dans le monde religieux de l’époque. Ironie de l’histoire qui fit de ceux qui attendaient le plus le messie ceux qui en seront finalement les principaux adversaires et bourreaux.
A l’inverse, les partisans de Jésus étaient de ceux qui l’attendaient le moins:
Les ouvriers exploités qui n’avaient pas le temps de se poser les questions existentielles,
Les étrangers à la foi juive qui n’avaient jamais reçu aucune éducation religieuse
Et enfin les parias et rebels de la société que tout le monde croyait opposé à toute piété.
Et ce sont finalement ceux que l'on pensait le plus loin qui impressionneront Jésus par leur foi.
Jésus choquait par ses prises de positions théologiques mais également dans ses pratiques. Il mettait à mal certains repères moraux en dénonçant comme immoral ce qui était jusque-là perçu comme vertueux. Il faisait ou laissait faire des choses considérées comme inacceptables à son époque. Il dénonçait souvent avec virulence les excès des institutions religieuses de son époque et n’avait pas peur d’exposer en plein jour les scandales gardés jusque-là dans l’obscurité. En cela Jésus s’inscrit pleinement dans la lignée des prophètes de l’ancien testament qui délivraient leur message avec fracas au moyen d’images et de propos forts voire provocateurs. Et tout comme Jésus leur message fut rarement reçu à bras ouvert par l’élite religieuse.
Aujourd’hui des mouvements chrétiens le rejetteraient peut être, des sites web existeraient pour dénoncer son enseignement et ses agissements, on lui reprocherait son ton ou d’être trop négatif voire piquant et peut-être même que votre pasteur vous déconseillerait de le fréquenter. Notre postulat c’est que Jésus était… une mauvaise foi !
C’EST PAS MOI C’EST L’AUTRE!
Sommes nous si sûrs aujourd’hui que nous serions du côté du Christ? La lecture des évangiles nous amènent à cette profonde remise en question: Ceux qui étaient le plus sûrs sont ceux qui se sont le plus plantés !
Nous qui avons eu la plus respectable des éducations religieuses ne sommes nous pas ceux qui devraient le plus s'interroger ?
“Heureux ceux qui se reconnaissent spirituellement pauvres, car le royaume des cieux leur appartient.” Matthieu 5.3
A nous qui connaissons par coeur les leçons de l’école du dimanche et la centaine de verset à sortir dans chaque situations.
A nous qui enseignons les autres et nous considérons comme des guides spirituels.
A nous qui nous endormons le soir sereins et persuadés d’être parmi les justes.
Ne nous enfonçons pas trop confortablement dans ce coussin de certitudes car le réveil pourrait être brutal lorsque nous entendrons: "Les collecteurs de taxes et les prostituées vous ont devancé !"
L’IMPASSE DE L’ANTICONFORMISME
Tout cela étant posé il ne faudrait pas tomber dans le piège de considérer tout ce qui s’oppose à la norme comme étant de facto frappé du sceau du bien.
Être piquant ou anticonformiste ne permet pas de savoir de quel côté nous sommes, ce n’est ni une preuve, ni un contre-argument de notre relation avec Dieu.
Car, rappelons le, Jésus est déjà venu. Son message n’est donc plus neuf mais bien inséré dans la culture de notre monde après 2000 ans d’infusion progressive. Est-ce à dire qu’il n’y a pas matière à progrès ? Bien sur que non ! Mais nous ne pouvons négliger l’impact que l’évangile a déjà eu sur le monde.
L’anticonformisme ne peut être une valeur en soit. L’anticonformisme de Jésus est certainement un avertissement pour tous ceux qui veulent ou croient le suivre mais ne peut en aucun cas constituer pour eux une boussole.
COMMENT S’Y RETROUVER?
Si l’anticonformisme ne peut être un guide efficace alors comment s’assurer de ne jamais s’égarer suffisamment pour être de ceux qui ont crucifié le Christ?
“Jésus dit aux Juifs qui avaient mis leur foi en lui : Si vous vous attachez à la Parole que je vous ai annoncée, vous êtes vraiment mes disciples. Vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres.” Jean 8.31-32
Jésus nous invite à nous attacher à son enseignement. Ce qui donne une importance cruciale aux paroles de Jésus dans la Bible. Nous ne sommes pas des disciples de la Bible mais des disciples de Jésus. Bien sûr que Jésus a reconnu l’autorité des écritures, nous ne sommes donc pas encouragés à les délaisser. Cependant les paroles de Jésus doivent être la lunette par laquelle nous regardons tout le reste de la révélation.
Et Jésus est très clair sur le résultat que devrait avoir l’attachement à ses paroles: Connaître la vérité. Et seul cette vérité semble pouvoir apporter la liberté après laquelle nous sommes si nombreux à courir.
Comment être sûr de ne pas s’égarer ? Attachons-nous aux paroles de Jésus et cherchons la vérité. La vérité n’est pas un objet qui peut être saisi et accaparé mais une quête dans laquelle nous sommes engagés de tout notre être.
EN QUÊTE VERS LA VÉRITÉ
Voilà peut-être le problème des religieux de l’époque de Jésus. Ils étaient eux-mêmes persécutés et issus d’une longue tradition d’hommes de Dieu ayant défendu leur conviction face à l'oppression de pouvoirs souvent violents ! De générations en générations ils ont fait passer le relais, il ont tenu bon, il ont gardé intact ce qu’ils avaient reçu. Mais ils avaient perdu de vue que, aussi belle et profonde soit leur compréhension de Dieu elle était encore bien perfectible. Ils portaient un message qu’ils n’avaient pas pleinement intégré. Il s’était saisis du message mais le message ne s’était pas pleinement saisis d’eux.
“A cause de votre tradition, vous supprimez la parole de Dieu.” Matthieu 15.6
Et si c’était cette certitude d’avoir fait complètement sienne la vérité qui a rendu leurs yeux aveugles et leurs oreilles bouchées au message de Jésus ? Ils attendaient le Messie comme celui qui leur donnerait pleinement raison alors qu’il apportait la lumière nécessaire à tous et chacun.
Comprenons-nous bien. Il ne s’agit pas de ne pas avoir de convictions. Mais avons nous toujours cette place au fond de notre coeur pour le doute. Le doute qui laisse la porte ouverte à l’humble charpentier venu d’un trou perdu pour bouleverser nos convictions.
Nous aimons dire qu'avancer vers notre Dieu et son Royaume signifie découvrir chaque jour de nouvelles choses. Nous, chrétiens, percevons que Jésus est le chemin pour avancer vers la vérité.
Avons-nous l'attitude de ceux qui parcourent le chemin de la vérité, ou sommes-nous de ceux qui se croient déjà arrivés ? Paul lui-même parlait de ce moment que nul n’a encore vécu où les écailles tomberont de nos yeux et verront le cosmos dans la plénitude de ce qu’il est. En attendant ce jour… marchons ! Avançons ! Laissons-nous surprendre! Interpeller ! Et ainsi nous aurons cette certitude merveilleuse : Le royaume des cieux est pour nous !
ET SI LA VÉRITÉ EST COUPABLE...
Vous connaissez maintenant l’origine du nom que nous nous sommes donné. Nous voulons suivre l'exemple de Jésus. Comme lui nous ne voulons pas avoir peur d’user de provocation. Comme lui nous serons parfois piquants et parfois en colère. Mais tout comme lui nous essayons d’être justes. Bien sûr, courant après son exemple, nous trébucherons et nous tomberons. Mais nous persévérerons dans poursuivre la vérité!
Si notre ton parfois piquant ou provocateur n’est pas un gage de vérité, il a pour but de venir parfois bousculer nos idées préconçues.
Et parfois la vérité que nous pensons découvrir est coupable !
Coupable de renverser notre compréhension du bien !
Coupable de modifier sensiblement notre vision du monde !
Coupable de ne pas être conforme aux dogmes de nos institutions religieuses !
Coupable de déranger avec un discours qui bouscule les certitudes !
Coupable de remettre en question voir de rejeter l’héritage que nous ont légué nos anciens !
Coupable de voir des victimes là où l’on nous a appris à voir des coupables !
Coupable de voir des alliés là où l'on nous a éduqués à voir des ennemis !
Coupable de haïr ce qu’autrefois nous aimions !
Bref ! Coupable d’être des Mauvaises Fois !
Nous, nous plaidons coupables, nous avons et sommes encore bien souvent des Mauvaises Fois. Mais nous voulons avancer dans cette quête de vérité !
Dans ce cas, suivons l'exemple du maître et disons: Ainsi soit-il !
Amen !
"Ces gens du monde, si doux, si modérés, qui trouvent toujours que tout va bien parce qu’ils ont intérêt à ce que rien n’aille mieux, qui sont toujours contents de tout le monde parce qu’ils ne se soucient de personne et qui, autour d’une bonne table, soutiennent qu’il n’est pas vrai que le peuple ait faim." Jean-Jacques Rousseau
La prochaine fois qu’un de nos posts vous scandalisera. Avant de réagir, poser vous la question. Pourquoi suis-je scandalisé ?
Lol