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Je t’aime, mais...

Je t’aime, mais...


Voilà une phrase que j’entends tellement souvent dans le monde chrétien,

Je t’aime, mais...

  • Tu vas aller en enfer, c’est pas ma faute, Dieu est juste,

  • Ton cœur est endurci,

  • Repens toi !

  • Tu ne peux pas être homosexuel,

  • (Re)Lis ta Bible,

  • Tu n’es pas à l’écoute du st esprit

  • Tu n’es pas (un vrai) chrétien

  • Tu manques de discernement

  • L’unité entre toi et moi c’est IMPOSSIBLE à cause de toi

L’amour, ce magnifique prétexte sous couvert duquel je peux tout dire, tout faire, supposer des intentions des gens sans me préoccuper un instant des conséquences réelles de mes paroles.


L’amour qui me donne le droit de juger directement du cœur de la personne plutôt que de s’intéresser aux arguments posés sur la table. “Tu es blessé ? Tu n’es pas renouvelé dans ton intelligence ! Tu n’as pas de relations personnelles avec Dieu c’est sûr ! Tu devrais prier !”. Le désaccord n’a plus comme source une recherche honnête de la vérité mais l’occasion de tenter une psychothérapie scabreuse.


L’amour, ce qui sert de prétexte aux conflits : je t’aime, mais je ne peux pas parler ou débattre avec quelqu’un comme toi parce que tu as tort. C’est toujours la faute de l’autre « je t’aime mais c’est de ta faute si on ne vit pas l’unité : repens toi de tes hérésies pour penser comme moi et tout ira mieux »

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Un simple “Je t’aime” semble incompatible avec le désaccord, le désaccord semble systématiquement accompagné de haine et l’unité ne semble pas atteignable dans le désaccord.


Paul et Barnabas des débats et des échanges vifs ! La question était de savoir : “faut-il oui ou non circoncire les non-juifs qui se convertissent ?”. Le salut, c’est important, mais l’application dans notre quotidien l’est aussi ! Si Paul n’avait pas soulevé le débat, nous serions tous circoncis Messieurs et le principe de la grâce en aurait pris un sérieux coup. 2000 ans plus tard, chrétiens du monde entier nous le savons ! Paul manquait-il d’amour ? Rien ne semble l'indiquer. Paul aurait-il pu (dû ?) fermer sa gueule pour préserver l’unité ?

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Paul prend un livre entier (1 Corinthiens) pour critiquer une église aux 1000 problèmes. Et on est loin de la discrétion vu le nombre de gens qui ont lu cette lettre ! Manque d’amour ? Manque d’unité ? Aurait-il mieux valu prendre le risque de ne pas aborder des sujets aux conséquences directes dans la vie de centaines de croyants ?


Nous allons même voir Paul reprendre publiquement Pierre sur son attitude. Ce qui est dit ou fait publiquement, ne peut-il pas l’être également publiquement ?


Il y a une utopie : celle qu’un jour nous serons tous d’accord sur tous les sujets. C’est impossible. Le défi de l’unité devra forcément passer au-dessus de nos désaccords.


Une unité de façade, qui met au fond du placard nos désaccords et la recherche de vérité n’a pas besoin d’esprit critique et de débats.


Mais une unité profonde nous demande un « je t’aime » sans condition, la capacité à critiquer et à recevoir la critique sans soupçonner le mal chez l’autre. Bref, la véritable unité nous demande d’apprendre à débattre !


Je t’aime et je ne te veux que du bien

Tu m’aimes et tu ne me veux que du bien

Échangeons, débattons dans le respect et la bienveillance.


L’unité ce n’est pas faire l’unanimité, l’unité c’est s’aimer, se parler et se respecter malgré nos différences en les voyant comme une occasion inédite de progresser dans notre connaissance de qui est Dieu.


C’est à l’amour que l’on reconnaîtra les disciples de Jésus ? Chiche. Vivons nos désaccords dans l’amour, ni dans les procès d’intention ni dans les « je t’aime, mais » !


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